On lutte pour un Internet communautaire, on soutient SCANI !
Petit retour en arrière.
Concernant l’arrêt « French Data Network », il ne faut pas lire trop vite, il ne s’agit pas de l’arrêt DE « French Data Network », mais d’une décision du Conseil d’État portant notre nom, consultable ici.
Les juristes, avocats et commentateurs de l’actualité juridique (si si, des gens font cela) sortent les grands mots pour qualifier la portée de cet arrêt « d’une rare ampleur dans sa forme » « déterminant pour nos libertés » [1]
D’autres jugent qu’il s’agit « sans doute l’un des arrêts les plus attendus de ces dernières années » [2]
En quelques mots, le Conseil d’État estime qu’en l’état actuel des choses la conservation des données est justifiée au regard de la menace terroriste qui pèse sur nous. Mais, et c’est une première salutaire, estime également, mieux, ordonne, au gouvernement de ré-évaluer cette menace qui rendrait nécessaire la conservation des données de connexion que nous estimons être ni plus ni moins que de la surveillance généralisée.
S’il ne s’agit pas d’une victoire totale et d’un coup d’arrêt brutal à la paranoïa sécuritaire amorcée depuis plusieurs quinquennats, nous sommes ici en face d’un premier désamorçage de l’ « effet cliquet » des lois sécuritaires.
Alors que jusqu’à présent, lorsque la plume était prise pour rédiger une loi, ce n’était que pour la durcir, le gouvernement se voit désormais ordonné d’évaluer la menace, et d’ajuster ces mesures en conséquence, au lieu de laisser se pérenniser une situation de surveillance de la population dont on ne relâche jamais la bride.
Loin d’être une victoire dont il faut totalement se réjouir, mais une position de compromis et d’équilibre, qui sera amenée à évoluer.
Loin d’être une victoire dont il faut totalement se réjouir, également car comme souvent, toujours presque même, il s’agit d’une victoire « défensive ».
Les coups pleuvent sur Internet et la liberté d’expression, et nous en arrivons à nous réjouir lorsqu’un jour, pour une fois, le coup est moins appuyé, moins brutal, moins sauvage. Mais nous sommes nombreuses et nombreux à déplorer de ne rien pouvoir faire face à des gouvernements, des députés et des ministres de l’Intérieur de plus en plus paranoïaques et défiants vis à vis de leur propre population.
La vraie victoire, la vraie première victoire, consistera à ne plus se comporter en victime d’un cliquet qui ne cesse de se resserrer et face auquel nous n’adoptons la plupart du temps qu’une attitude passive, presque victimaire et résignée.
Cet arrêt, il porte notre nom, mais en réalité FDN n’est pas la seule partie intervenante, nous avons agi aux côtés d’autres associations. Et c’est parce que FDN n’est pas seule que nous obtenons des victoires, même en demi-teinte. Et c’est parce que nous soutenons d’autres associations qu’elles obtiennent des victoires.
Car la première victoire à obtenir, elle n’est pas contre un législateur qui se laisse dicter ses actes par les services de renseignement qui veulent avoir les coudées franches ou un Ministre de l’Intérieur qui n’a que comme argumentaire la peur. La première victoire à obtenir, c’est de se rendre compte que nous ne sommes pas isolé·es dans notre coin, nous existons, et avons besoin de nous serrer les coudes pour exister et se soutenir.
Si la Fédération qui porte notre nom peut désormais peser dans le débat et être prise au sérieux, c’est parce que chaque jour, individuellement, des bénévoles, des passionné⋅e⋅s, soutiennent chacune des associations qui composent ce tissu associatif et aident à atteindre leurs objectifs.
Un exemple : loin du terrain législatif et juridique, un autre combat se mène, obtenir la possibilité d’opérer les réseaux de fibre optique qui sont l’avenir presque immédiat d’Internet dans notre pays.
On peut se désoler que les contrats des Délégations de Service Public donnent l’impression d’être écrits par Orange et SFR, on peut se désoler que les pouvoirs publics soient totalement, ou presque, démissionnaires et fassent une confiance aveugle à des boites privées dont on aura tous constaté l’incurie dès qu’il faut réparer et maintenir en ordre de marche un réseau qui est désormais indispensable à nos sociétés contemporaines, le confinement l’a rappelé.
Ou bien on peut chercher des solutions plutôt que des excuses, retrousser nos manches et se mettre au travail.
Nous l’avons déjà fait : en 2018 et 2019, suite à une campagne de dons, à laquelle nous avons participé en plus de la relayer [3], les camarades d’Illyse, un FAI associatif, membres de la Fédération FDN, a pu commencer à opérer, avec succès, de la fibre optique, sous forme associative.
Nous allons recommencer, cette fois avec SCANI.
Leur projet « Racine », à découvrir sur https://scani.fr/racine/ , est différent du projet porté par Illyse.
Cette fois l’ambition est encore plus grande, au lieu d’accéder à un réseau fibre optique déjà construit, SCANI va FABRIQUER ce réseau. Creuser les trous, tirer les gaines, souder les fibres, raccorder les prises aux domiciles.
En un mot comme en cent : SCANI, une SCIC, va faire ce que les gros opérateurs refusent de faire en Bourgogne faute de rentabilité immédiate à présenter sur un PowerPoint à des actionnaires.
Le projet est ambitieux, oui, et réalisable.
SCANI ne demande pas un don totalement désintéressé, « merci pour l’argent, bisous, au revoir ».
SCANI vous propose de souscrire à une, ou plusieurs, parts du capital de la coopérative.
Prendre des actions, en somme, investir dans cette société coopérative, et donc en devenir un ou une membre, pour contribuer, vous aussi, à construire un réseau communautaire, hors des gros BOFS [4].
[3] </soutenons-la-fibre-associative-donnons-a-illyse/>
[4} Bouygues-Orange-Free-SFR